Réveiller la mémoire du quartier Brancion/Perichaux

« Chaque époque a ses vertiges. Qu’une simple formule, que de pauvres mots puissent mettre parfois « le feu aux poudres », voilà qui inquiète et surprend. Au-delà de certaines mièvreries contemporaines, celles que le cénacle aura par inadvertance sans doute tolérées, je vois surgir un vibrato majeur, l’obsession irrésistible du rythme, un embrasement, une palpitation jamais éteinte.

Un siècle impair s’avance, voyez déjà ses abîmes, ses fulgurances, ce romantisme à peine esquissé, si dissemblable pourtant de celui de Marceline ou de George, de celui des Surréalistes aussi, dont les feux pourvoyeurs d’aurore illuminent encore nos contrées. Contre le trémolo obscène et l’absurdité d’un monde, peut-on souhaiter au vent chanteur cette aubaine,« ce vibrato majeur »·1 cette incantation-du large?

J’écris ceci pour la décennie à venir et comment ne pas dédier à la jeunesse, à celle qui partage ses rêves et les chante, ces promesses insensées d’autres dissonances.

J’écris ceci quand s’agitent prématurément les feuilles dans le souffle qui les emporte, quand passent avant l’heure les grues de l’automne. »

Juliette Darle

octobre 2003

Film de Juliette Darle pour son « Manifeste pour un vibrato majeur »